L'agence de presse de "Hawzah" (Bamako, Mali) – La peine de mort existe toujours dans le Code pénal malien, mais elle est inappliquée depuis 1980. Sans jamais prendre la décision de l'abolir afin de ne pas se mettre à dos une partie de l'opinion publique, tous les gouvernements ont choisi d'adopter un moratoire renouvelable tous les cinq ans pour ne pas la mettre en application.
C’est ce que dénonce le Collectif des associations musulmanes du Mali présidé par Mohamed Kimbiri, qui estime qu’il y va du respect de la sacralité de la vie humaine. « Celui qui aura porté atteinte à cette vie, par ce fait même, désacralise sa propre vie et justifie ainsi d’en être privé pour garder à la vie son caractère sacré », a-t-il avancé devant les milliers de personnes présentes au Palais de la Culture.
Justifiant la nécessité de l’application de la peine capitale, il a plaidé que « l’homicide volontaire est impardonnable et doit être sanctionnée par la peine de mort, afin d’assurer une sanction proportionnelle à la faute, une justice équilibrée gage de stabilité sociale ». Dans sa déclaration, le président du collectif a martelé que le gouvernement ne peut pas pardonner au tueur à la place des victimes et ayants-droits directs. Et quand bien même le coupable écoperait d'une peine d’emprisonnement à vie, cela ne rendra pas justice aux proches de la victime, a-t-il ajouté.
Mohamed Kimbiri a ainsi appelé le peuple malien à « se mobiliser et s’unir contre l’abolition déguisée de la peine de mort par un moratoire » et a interpellé « la société civile du Mali d’organiser à travers des mécanismes d’alerte et d’anticipation des actions de sensibilisation et de mobilisation pour son application.
Les associations de défense des droits de l’homme ont refusé d’admettre que la peine capitale soit la solution au problème de l'insécurité ou encore la corruption sévissant au sein du système judiciaire malien. « Il faut plutôt une justice qui fait bien son travail », a soutenu le président de la Commission nationale des droits de l’Homme, Malick Coulibaly. Ce dernier a également argumenté que « le Sénégal, le Burkina ou encore la Guinée ont tous aboli la peine de mort et nous (le Mali, ndlr) ne sommes pas plus confrontés à l’insécurité que ces pays ». En ce sens, il a insisté sur le fait que la solution serait la mise en place d’une « justice implacable avec aucun sentiment d’impunité envers ceux qui sont en infraction ».